Mutisme : thérapie et conséquences

Publié le : 31 mai 20228 mins de lecture

L’ensemble du développement linguistique, cognitif, social et émotionnel est affecté par le comportement mutique. Cela a des conséquences sur le développement de la personnalité, l’identité du moi et la confiance en soi. La personne affectée a des difficultés à l’école, en formation ou au travail et est en partie évitée par les autres personnes.

Qu’est-ce que le mutisme ?

Le mutisme est la suspension ou la disparition de la parole chez un enfant ou un adulte qui l’avait acquise antérieurement.

Il ne faut pas confondre le mutisme lié à une cause physiologique et le mutisme lié à une anxiété.

Lorsqu’il n’est pas dû à une impossibilité physique de parler, le mutisme est donc considéré comme une psychopathologie. Dans ce cas on l’appelle le mutisme sélectif. C’est-à-dire que l’enfant a la capacité de parler et de comprendre mais que l’on observe une absence de parole dans des situations précises, notamment à l’école (l’enfant parle très bien à la maison et le mutisme apparaît dans le cadre scolaire).

On distingue trois formes de mutismes : mutisme akinétique, mutisme total et mutisme sélectif.

Thérapie pour le mutisme

Le mutisme nécessite une thérapie multifactorielle qui prend en compte plusieurs aspects. Il n’y a pratiquement pas d’experts dans ce domaine. La thérapie est généralement une thérapie de la parole, une thérapie psycho, et familiale ou une thérapie psychiatrique. Chez les adolescents et les adultes mutiques, un traitement pharmacologique supplémentaire par antidépresseurs peut être indiqué.

Selon les experts, plus on intervient tôt, plus les chances de réussite sont grandes. Sinon, le trouble peut se manifester plus fortement, persister pendant des années et se prolonger à l’âge adulte. Les parents qui remarquent que leur enfant a des problèmes de communication ne doivent donc pas hésiter à se rendre au cabinet d’un pédiatre et d’un médecin pour adolescents expérimentés.

Signes de mutisme chez l’enfant

  • Les parents doivent être attentifs aux signes suivants de l’enfant.
  • L’enfant ne parle pas dans certaines situations, mais à la maison et avec des personnes familières, il parle.
  • À la maison, l’enfant est très expressif, communicatif et parle parfois énormément (besoin de rattrapage).
  • L’enfant a de la difficulté à initier des interactions par lui-même (p. ex. saluer, dire au revoir, remercier, poser des questions).
  • À l’école, le silence prononcé est souvent compensé par de bonnes performances écrites.
  • L’enfant semble observer et percevoir le monde environnant avec plus d’attention que ses pairs, mais il a souvent du mal à exprimer ses propres sentiments.

Cas particulier du mutisme sélectif

Symptômes

Il est considéré comme un trouble anxieux et apparaît souvent vers l’âge de 5 ans. L’enfant ne parle pas dans certaines situations spécifiques et ce de façon persistante (plus d’un mois). Il éprouve une gêne, une anxiété à parler hors du contexte familial qui se traduisent part un mutisme. Mais l’enfant peut être très bavard dans un contexte familier ce qui est déroutant pour les parents qui ne parviennent pas toujours à expliquer ce manque de parole.

Les principaux symptômes :

Langage :

  • Ne parle pas volontairement dans des situations sociales précises;
  • Ne parle pas depuis plus d’un mois;
  • N’a aucun problème physiologique ou mental;
  • Ne présente aucun autre problème de communication;
  • Ne peut pas répondre à l’appel à l’école ni à un bonjour ce qui peut passer pour de l’impolitesse;
  • Est encore plus anxieux lorsqu’on le force à parler.

Visage

Le patient ne manifeste que très peu de sentiments :

  • visage impassible à cause l’anxiété ;
  • ne pleure pas ;
  • regard fuyant.

Corps

Ne sait pas s’exprimer avec son corps :

  • mouvements raides lorsqu’il est anxieux ;
  • marche maladroite.

Un diagnostic incertain

Le mutisme sélectif est une difficulté qui n’est pas encore très connue, et la diagnostiquer reste difficile. Les enfants mutiques peuvent ainsi être confondus avec des enfants porteurs d’autismes ou des enfants sujets à des problèmes d’apprentissage. L’éducateur a donc un rôle primordial car lui seul peut signaler une absence de parole dans une situation particulière. L’orthophoniste pourra ainsi faire la part des choses entre un enfant porteur d’un réel handicap de communication (autisme, dysphasie) et un enfant dont la communication est normale (pointe les objets, regarde son interlocuteur, comprend les consignes) mais qui se bloque hors d’un contexte rassurant.

Les causes réelles du mutisme sont encore méconnues mais les chercheurs mettent en cause plusieurs facteurs et non une cause unique. Il semblerait que l’on retrouve fréquemment une phobie scolaire ou sociale dans l’histoire familiale.

Que peuvent faire les parents ?

Si le silence persiste pendant plus de quatre semaines, il convient d’organiser un examen orthophonique de l’enfant. Pour cela, il faut une ordonnance d’orthophonie délivrée par un pédiatre ou un spécialiste ORL. Le mutisme sélectif relève des retards de développement de la parole ; cela doit être mentionné sur l’ordonnance.

La thérapie est prise en charge par les caisses d’assurance maladie et est effectuée par des orthophonistes (logopédistes, pédagogues des troubles de la parole ou professeurs de souffle, de parole et de voix). Une coopération étroite entre les parents, les éducateurs/enseignants et éventuellement les psychothérapeutes est recommandée.

Que doivent garder à l’esprit les parents de mutistes ?

  • Ne prenez pas le silence personnellement !;
  • Reconnaissez que le fait de ne pas parler est une action active qui, à un moment donné, a atteint son but pour l’enfant ou le jeune;
  • Les personnes concernées ne peuvent s’abstenir consciemment de garder le silence, car celui-ci a été développé et entretenu pendant de nombreuses années;
  • Ne demandez pas constamment à parler et ne poussez pas à le faire. Chaque demande de parole augmente la pression sur l’enfant et la peur de la prochaine occasion de parler;
  • Ne mettez pas l’enfant au centre, traitez-le normalement;
  • N’excluez pas l’enfant.

La décision finale de savoir si et quand renoncer au silence est prise par la personne concernée elle-même ! La tâche des parents et de l’environnement est d’accompagner, de promouvoir les compétences, de faire preuve de patience et d’apprendre à comprendre.

Traiter le mutisme

Les thérapies cognitivo- comportementales sont efficaces pour traiter les troubles anxieux. Ce stratégies cognitive-comportementales aident les enfants à maîtriser leur anxiété.

Des médicaments peuvent être prescrits pour diminuer l’anxiété, notamment lorsque les thérapies cognitivo- comportementales ne permettent pas une évolution. Les antidépresseurs  « inhibiteurs spécifiques du recaptage de la sérotonine »  ont fait leur preuve pour aider les enfants et les adolescents à lutter contre l’anxiété.

Il est important que la prise en charge ait lieu le plus tôt possible.

Que peut faire l’entourage en cas de mutisme sélectif ?

Lorsqu’un enfant souffre de mutisme sélectif, l’entourage peut l’aider. Il est essentiel de ne pas forcer l’enfant à parler mais il ne faut pas non plus trop s’enthousiasmer lorsque l’enfant parle.

Mieux vaut en informer l’entourage (famille, amis). Prévenus, les personnes en contact avec l’enfant éviteront sûrement les remarques désobligeantes.

Pour aider l’enfant à l’école, il est bien d’inviter ses amis (amies) à la maison. Ainsi, le transfert de la parole de la maison à l’école risque de se faire plus facilement.

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